Vous êtes ici : Accueil du site > Articles du Cance Ay Deume > Combien ça vaut 12 millions d’êtres humains ?
Publié : 7 octobre 2011

Combien ça vaut 12 millions d’êtres humains ?

Que valent ces 2 millions d’enfants, la plupart décharnés, souvent contre la poitrine tout aussi amaigrie de leur maman, sous le soleil de plomb, dans la poussière de la Somalie ou de l’Éthiopie... ?

Combien valent, Mesdames et Messieurs les puissants de ce monde, 12 millions d’êtres humains encerclés par la mort qui rôde pendant que vous tenez réunion après réunion ? Oui, dites-nous combien valent-ils, ces enfants, ces femmes, ces hommes qui, en perdant leurs troupeaux, morts de faim et de soif, ont tout perdu et sont devenus eux aussi la proie de cette mort atroce ? Combien valent-ils ? 10 millions d’’euros a répondu le gouvernement français. Honteux !

Certes, on va nous rétorquer sur le ton de ces donneurs de leçon qui mangeront langouste et caviar le week-end prochain sur leur yacht, que c’est la crise.

De quelle crise parle-t-on ? La France dépense chaque jour plus de 2 millions d’euros dans d’inutiles et imbéciles guerres en Libye ou en Afghanistan. Le budget militaire des États-Unis dépasse les 600 milliards de dollars ! Or l’Organisation des nations unies réclame moins de 2 milliards de dollars pour augmenter l’aide d’urgence à ces populations !

Certes, y sévit la plus grande sècheresse depuis 60 ans. Mais comment peut-on aller sur la Lune, explorer la planète Mars à la recherche de traces d’eau et être incapable de construire des usines de dessalement d’eau de mer pour 12 millions d’êtres humains ?

Cette famine n’est pas d’origine essentiellement technique. Elle prend sa source, comme les multiples maux qui minent désormais les équilibres et la vie de notre planète, dans des décisions politiques au seul service de la finance qui refusent de constituer des stocks publics mondiaux de céréales contre la spéculation sur les matières premières agricoles, qui laissent des pays entiers mourir à petit feu pour satisfaire les institutions financières internationales qui se nourrissent de la dette de ces pays...

Au nom d’on ne sait quelle écologie, ce système privilégie la production d’agrocarburants au détriment de cultures vivrières en Afrique. Il est incapable de concevoir un monde dans lequel l’eau, l’énergie et la production agricole seraient , comme l’air que l’on respire,des biens publics mondiaux.

La crise de ce système et le niveau atteint par la civilisation appellent partout collaboration et partage.

Mais la course à la rentabilité capitaliste s’y oppose.

Il faut sortir de cette loi de jungle.

Le monde aujourd’hui a besoin de ce nouvel humanisme, de ce communisme de liberté, de solidarité et de partage à inventer, dans un processus démocratique inédit qui permette de redonner leur immense valeur humaine aux 12 millions d’êtres humains qui agonisent dans la canicule africaine.

Patrick Le Hyaric Extraits d’un éditorial de l’Humanité Dimanche