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Publié : 18 novembre 2012

T.S.C.G : qu’ès aquo ?

"Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance au sein de l’Union économique et monétaire" : une suite de mots "vagues", difficile à retenir, juste faite pour nous faire croire qu’il s’agit de quelque chose de très compliqué et très savant ! Pourtant, rien de vague dans ce traité : il contient très précisément tous les ingrédients qui mènent l’Europe (25 pays seulement sur les 27 : deux pays de l’Union ne l’ont pas signé) sur la pente d’une inévitable régression économique et démocratique.

"Ce traité est une illusion, mais c’est aussi un risque, celui de devoir faire, dans quelques mois ou dans quelques années, après des efforts parfois insupportables pour les Européens, le constat de l’échec et de l’impuissance" , disait en mars 2012 le candidat François Hollande, promettant de le renégocier.

Aujourd’hui, c’est ce "risque" qu’il fait prendre allègrement au peuple français. Ce traité, on en voit les effets en Grèce, en Espagne, au Portugal. La politique ’’Merkozy ’’, calquée sur celle du F.M.I., c ’est : le choix de l’austérité pour répondre à "la crise", le chaos économique qui creuse encore un peu plus les inégalités, au profit d’une finance internationale indécente. Quant à l"illusion", un gouvernement qui ne cache même pas que sa politique est illusoire... ça laisse muet de stupeur...

Ce traité a été voté par la majorité des socialistes, avec les voix de la droite. Seuls les députés du Front de Gauche, avec quelques socialistes et verts ont voté contre, d’autres se sont abstenus. Et le peuple ?! Il n’a même pas été informé, ni invité a donner son avis par référendum.

Mais voyons donc ce que contient précisément ce traité :

La Stabilité budgétaire exigerait que soit appliquée la "Règle d’or", terme que l’économiste Jacques Généreux désigne plus justement de "Règle des ânes"... Contrairement aux propos tenus par le 1er ministre JM Ayrault, cette règle est bien inscrite dans le traité, article 3. Elle signifie purement et simplement : AUSTERITE OBLIGEE, à perpétuité, c’est à dire diminution obligée des budgets de l’Etat mais aussi des collectivités territoriales – régions, départements, communes -

qui seront de plus en plus contraints, sous peine de sanctions, de livrer les services publics, de santé, transports, juridictions, administrations, etc, au secteur privé, cela veut dire la loi de la jungle, au lieu de la solidarité nationale. Cela veut dire des gains faramineux pour les actionnaires, au détriment des travailleurs qui devront subir des conditions de travail insupportables.

Un pays où fonctionnaires, salariés, paysans se suicident au travail n’est pas digne d’une démocratie.

La Coordination : il est plus question de "compétitivité " que de coordination. Or la recherche effrénée de compétitivité alimente elle aussi le cercle vicieux de l’austérité. De plus, quand il est écrit qu’un Etat pourra porter plainte auprès de la Cour de justice européenne contre un autre Etat qu’il jugerait trop laxiste, cela s’apparente plus à de la délation qu’à un véritable esprit communautaire !

La Gouvernance : Une autorité extérieure au pays donc non élue par le peuple, la Commission Européenne peut décider de l’élaboration du budget des Etats, du contrôle des dépenses, de la nature des recettes et obliger à des modifications structurelles : ingérence dans les recettes fiscales, droit du travail, sécurité sociale, protection sociale etc...) et imposer automatiquement des sanctions en cas de non respect de la règle. Ceci n’est pas conforme à notre Constitution, n’en déplaise au Conseil Constitutionnel qui a décidé que ça l’était.

Le gouvernement "du changement" laisse les banquiers gagner et le patronat perdre toute mesure en exigeant toujours plus. Ce traité et le M.E.S. qui l’accompagne leur laisse les mains libres pour appauvrir l’Europe aussi sûrement que le F.M.I. appauvrit les pays... "pauvres". Or la pauvreté fait le lit de la corruption, du nationalisme, voire de la guerre civile et de la dictature.

Il y a le feu ! La ratification du TSCG signifie une perte de souveraineté et un déni démocratique sans précédents dans notre histoire.

Il est urgent que le peuple se mobilise et trouve lui-même les solutions pour renverser cette situation. Des peuples exsangues d’Amérique latine sont en train de relever le défi des grandes puissances de l’argent (Argentine, Vénézuela, Equateur, Bolivie...). Nous le pouvons aussi. Des solutions existent. Venons aux Assemblées citoyennes organisées sur le terrain près de chez nous pour "en parler", identifier à notre niveau les enjeux présents et à venir, et partager nos interrogations et nos idées d’actions.

G.L.

* dont on veut nous faire croire qu’ils "coûtent" : le travail rapporte plus qu’il ne coûte. Le mot "coût" employé systématiquement par le patronat et les médias au lieu de "prix" est une imposture.