Vous êtes ici : Accueil du site > Articles CommVal d’AY > Accord MEDEF-CFDT :
Publié : 16 février 2013

Accord MEDEF-CFDT :

le gouvernement socialiste/verts va-t-il entériner un recul social majeur ?

Le gouvernement avait donné au MEDEF et aux organisations syndicales jusqu’à la fin de l’année 2012 pour négocier sur la flexibilité du travail. Voilà qui est fait. En agissant de la sorte il évitait de prendre ses responsabilités car il savait qu’il pourrait se réfugier derrière cet accord pour entériner un recul social majeur. Signé par des représentants minoritaires des salariés et le MEDEF (minoritaire également dans le patronat) cet accord entérine la flexisécurité, la baisse des salaires, l’aggravation des conditions de travail au seul profit du patronat et des actionnaires qui verront leurs dividendes encore grossir alors qu’en 20ans la part des salaires dans la valeur ajoutée a baissé de 10% au profit de la rémunération des actionnaires.

Regardons ce que contient cet "accord" :

Mobilité interne : demain un accord d’entreprise peut autoriser un employeur à muter un salarié sur un autre poste, l’envoyer à l’autre bout de la France (ou du monde...), ou le licencier pour motif personnel en cas de refus,

Maintien dans l’emploi au chantage : aujourd’hui les salariés peuvent refuser un baisse de salaire ou la modification de leur temps de travail. Demain les salariés qui refusent seront licenciés pour motif économique et le motif sera inattaquable !

Accès à la justice : pour saisir les prud’hommes pour un litige sur le droit du travail aujourd’hui vous pouvez revenir 5 ans en arrière. Demain ce sera seulement sur 3 ans.

Quel futur pour le CDI ? le MEDEF invente le Contrat à Durée Indéterminée "intermittent" ! Ainsi le CDI deviendrait un temps partiel annualisé. Les salariés pourraient alterner périodes travaillées et périodes non travaillées avec une rémunération "lissée" sur l’année. Comment payer 4 mois de travail en douze fois. Les périodes non travaillées CDII n’ouvriraient pas droit aux Allocations Chômage ni à la prime de précarité.

Sécuriser l’emploi ou les licenciements ? Aujourd’hui la loi définit des garanties en cas de licenciement économique et collectif. Demain ces garanties ne seront plus assurées. Un licenciement économique de 99 salariés devra être réglé en deux mois, de 500 salariés en 4 mois. Le patronat n’aura plus à craindre les FRALIB, GOOD YEAR ou PSA.

En "contrepartie" de ces reculs, des avancées... peut-être... pour plus tard... et pas pour tous ! 

Complémentaire santé : il faudra un accord de branche étendu, qui n’est nullement garanti. Les assurances se frottent les mains : un pactole de 4 milliards d’euros va leur être offert.

Taxation des contrats précaires : la majorité de ces contrats ne sera pas taxée : cerise sur le gâteau, le patronat a obtenu des exonérations de cotisations.

La philosophie de ce texte est toujours la même : les salariés "coûtent" trop cher alors qu’ils sont créateurs de richesses qui profitent à toute la société. Ce qui coûte , ce sont les dividendes versés aux actionnaires : 309 milliards d’euros en 2011.

Le "nouveau modèle économique et social" que cet "accord" veut imposer c’est le règne du gré à gré, la destruction des socles de garanties collectives, comme si le salarié était à égalité face au patron. C’est la culpabilisation des salariés dès qu’ils font valoir leurs droits. Il s’agit bien de briser les capacités de résistance des salariés. C’est le capitalisme débridé et sa loi de la jungle ! Le MEDEF, avec la complicité de la CFDT, pense tenir là sa revanche, appelle à transposer" l’accord" tel quel dans la loi et exploiter sans fin les salariés. Ne lui faisons pas ce cadeau.

Comment un gouvernement qui s’est fait élire pour mener une politique différente de celle de Sarkozy peut-il entériner un tel recul social comme le recommande le ministre du travail M. SAPIN et le 1er ministre M. AYRAULT ?

J.N. Wimmer