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Publié : 28 novembre 2013

ENFIN, L’AVEU !

Par Patrick Apel-Muller

Des larmes auront coulé sur des fronts, avant que les économistes de la Commission européenne confessent l’énormité des dégâts semés par leurs politiques d’austérité et de compressions budgétaires. Les chiffres sont là qui témoignent de l’engourdissement économique dans lequel les pays européens sont condamnés par la saignée. L’addition est astronomique – de 2011 à 2013 : - 8.5 % de perte pour le PIB de la Grèce, - 4.8 % pour la France, - 4.9 % pour l’Italie, - 6.9 % pour le Portugal et même – 3.9 % pour l’Allemagne, malgré tous ses excédents commerciaux – et ne se résume pas à des alignements de chiffres. Désormais, des Grecs ont faim et n’ont même plus de TV publique, de jeunes italiens immigrent comme un siècle plus tôt, le chômage a envahi la jeunesse espagnole, des millions de salariés sont payés une misère en Allemagne, le Royaume Uni bat des records pour le nombre d’enfants pauvres, dans toute l’Europe la consommation s’affaisse... Le seul bilan positif de ces politiques est au bénéfice des oligarchies. Les 500 plus grandes fortunes professionnelles françaises ont augmenté de 25 % en un an, tandis que la France figure au 3ème rang mondial et au premier européen pour le nombre de millionnaires en dollars.

Les preuves sont donc sur la table : tout ce qui concourt à réduire la rémunération du travail, à diminuer la redistribution qu’opèrent les services publics au bénéfice du plus grand nombre, à amplifier les dividendes et la rétribution des placements financiers, freine l’essor économique et le bien-être social. Elles doivent être produites auprès des citoyens auxquels sont imposés les moulins à prières médiatiques qui répètent l’inéluctabilité des sacrifices et l’obligation des coupes budgétaires. Une majorité de français sent bien que ces politiques vont dans le mur, multiplient les inégalités et déchirent les liens qui permettent de vivre ensemble. Mais les experts en cours prêchent en boucle une fatalité mondialisée et un renoncement individualisé, sans être soumis à de véritables contradictions. A les écouter, on pense à René Char : "Ils se laissent choir de toute la masse de leurs préjugés ou ivres de l’ardeur de leurs faux principes...".

Aucun gouvernement ne peut dire qu’il ne savait pas après cet aveu des experts de la Commission européenne, si prompte à dépêcher des liquidateurs de droits sociaux dans les pays en difficulté. Alors, il faut être cohérent. Sans délai, J M Ayrault doit renoncer à la hausse de la TVA, qui fera porter aux salariés une hausse vertigineuse de la fiscalité, abolir le crédit d’impôt, qui va engraisser le CAC 4O et manquer à la consommation, doter les collectivités locales de moyens qui leur sont nécessaires et qui leur ont été ôtés, construire un pôle bancaire public développant une industrie respectueuse de l’écologie, investir dans le système de santé, les rémunérations et les formations, rétablir la retraite de plein droit à soixante ans... Le contre-pied radical aux politiques d’austérité, le choix de l’humain plutôt que celui des marchés financiers sont des impératifs pour renouer avec l’emploi, qui est la clé du rétablissement des comptes publics et de la pérennité des systèmes de protection sociale.

Voilà qu’enfin, la Commission européenne vient de faire la preuve de son utilité en publiant sans fard la démonstration de son échec et de la nocivité des politiques qu’elle impulse...