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Publié : 26 juillet 2014

" point de vue d’un ardéchois " (lu dans le fil rouge humanité)

POURQUOI JE NE VOTERAI PLUS (JAMAIS ?) SOCIALISTE

Jeudi, 24 Juillet, 2014

Citoyen de gauche ordinaire, j’ai toujours appliqué la discipline républicaine depuis que j’exerce mon droit de vote, c’est-à-dire depuis près d’un demi siècle... Apportant régulièrement au premier tour mon suffrage à la « gauche de la gauche » (PCF en général, puis Front de Gauche), lors des scrutins nationaux, locaux ou régionaux, j’ai systématiquement reporté celui-ci au second tour sur le « candidat de gauche le mieux placé », en général présenté ou soutenu par le Parti Socialiste.

Ainsi, et une fois de plus, lors des dernières élections présidentielles, j’ai voté socialiste au second tour, en l’occurrence pour François HOLLANDE, et de même aux élections législatives, toujours au second tour, pour le candidat socialiste local.

Aujourd’hui, C’EST FINI ! Trop, c’est trop ! J’ai décidé de ne plus apporter mon soutien, ni à ce Président « socialiste », ni à son parti, ni à ses dirigeants nationaux, régionaux ou locaux.

Voici pourquoi :

MOI, CITOYEN DE GAUCHE, je n’apporterai plus mon soutien à un parti et à un Président qui, non content de renier la plupart de ses engagements initiaux, ceux-là mêmes pour lesquels j’ai cru bon de voter pour lui au second tour de la dernière élection présidentielle, s’est engagé de façon claire et décomplexée dans la voie du social-libéralisme qui n’est autre que l’ultra-libéralisme à la mode social démocrate...

MOI, CITOYEN DE GAUCHE, je n’apporterai plus mon soutien à une politique économique qui après avoir désigné la Finance comme son principal ennemi, en a fait en réalité, de renoncements en reculs orchestrés, son alliée privilégiée ; Qui a délibérément choisi d’encourager la politique de l’offre au détriment de la demande, de mettre tous les moyens disponibles à la disposition des entreprises et non pour développer le pouvoir d’achat du peuple ; Qui, après s’être engagé à privilégier le dialogue social et la négociation entre partenaires sociaux, a délibérément choisi d’opter quasi-systématiquement pour les positions défendues par le principal syndicat patronal, au point d’enregistrer le satisfecit de ce dernier, événement inédit pour un parti de gauche dans notre pays ;

MOI, CITOYEN DE GAUCHE, je n’apporterai plus mon soutien à un parti et à un Président qui, après s’être engagé à renégocier le Traité budgétaire européen, s’est en définitive contenté d’y faire ajouter un "pacte de croissance" (un mini document de 11 pages) censé compenser ses effets récessifs, laissant perdurer le risque d’une rigueur excessive et de la transformation de la récession en dépression ;

MOI, CITOYEN DE GAUCHE, je n’apporterai plus mon soutien à un parti et à un Président qui permettent que se discute dans la plus grande opacité la mise en place du Partenariat Transatlantique de Commerce et d’Investissement (ou Accord de libre-échange transatlantique) sans que ni le peuple ni ses représentants n’aient eu accès au mandat de négociation, mieux : qui y participe activement alors que cet accord consacre la suprématie des droits des investisseurs sur nos droits démocratiques ;

MOI, CITOYEN DE GAUCHE, je n’apporterai plus mon soutien à un parti et à un Président qui, faute de s’attaquer aux racines de la crise économique et sociale, font leur le discours libéral et instituent une rigueur sociale que n’aurait osé espérer la droite qui les a précédés au pouvoir, terminant le travail de démolition de notre système de solidarité, rognant les retraites et les minima sociaux, diminuant les aides aux associations, allant même jusqu’à remettre en cause le statut (unique en Europe et envié pour cela) des intermittents du spectacle...

MOI, CITOYEN DE GAUCHE, je n’apporterai plus mon soutien à un parti et à un Président qui n’engage que frileusement une transition écologique, pourtant considérée comme indispensable par la communauté scientifique, et porteuse d’emplois potentiels par les économistes ; Et qui continue la construction de projets nucléaires budgétivores, tels les EPR, ou pharaoniques et majoritairement rejetés par les populations locales, tel l’aéroport de Notre-Dame des Landes ;

MOI, CITOYEN DE GAUCHE, je n’apporterai plus mon soutien à un parti et à un Président qui placent sur le même plan un état agressif et colonisateur (Israël) et le peuple sans Etat qu’il maintient sous son joug (les Palestiniens) au mépris des résolutions de l’ONU et de sa reconnaissance en tant que Etat par cette dernière ; Qui, applaudit par la Droite, assimile la lutte contre la politique Israélienne qui tue par centaines des hommes, des femmes et des enfants innocents à de l’antisémitisme et ose interdire à ce titre des manifestations pacifiques de soutien au peuple palestinien ;

MOI, CITOYEN DE GAUCHE, je n’apporterai plus mon soutien à un parti et à un Président qui ne propose rien de mieux envers la communauté Rom que la politique honteuse du bulldozer ; Qui laisse se creuser les inégalités dans les villes sans proposer une vraie vision et une véritable politique de la ville ;

MOI, CITOYEN DE GAUCHE, je n’apporterai plus mon soutien à un parti et à un Président qui s’obstinent à faire désigner Défenseur des Droits un homme surtout connu auparavant pour ses prises de position réactionnaires ; Et qui par ailleurs, reniant là encore une promesse de campagne et fuyant un grand débat national, subordonne le droit de vote pour les étrangers résidant légalement en France depuis cinq ans à la constitution d’un hypothétique consensus parlementaire...

Tous les jours la liste ci-dessus, déjà non exhaustive, ne cesse de s’allonger Une telle succession de reculs, de renoncements, de reniements, voire de trahisons ne peut même plus être qualifiée de dérive droitière mais bien de véritable virage à 180° idéologique et politique de la gauche vers la droite.

On mesure ce qu’il faudrait de remise en cause de la politique actuellement prônée par le Parti Socialiste et menée par ses dirigeants pour m’amener à revoir ma position (laquelle, j’en suis convaincu, est partagée par un grand nombre de mes concitoyens déçus et outrés eux aussi)... et l’on se prend à rêver, sans trop y croire, au réveil de la « gauche » du parti socialiste. Si elle existe encore...

D’ici-là, et ne voulant pas choisir entre la droite dure, la droite molle ou la droite social-démocrate, et n’ayant aucun goût pour l’abstention, je voterai donc « blanc » lorsqu’un second tour sera nécessaire (ou dès le premier tour, en cas d’absence d’un vrai candidat de gauche ou écologiste engagé), lors des prochains scrutins, quels qu’ils soient (et quels qu’en soient les risques), dans l’attente que se constitue enfin une véritable alternative de gauche crédible à laquelle je pourrai souscrire et participer.

François CAUCHE Citoyen de gauche ordinaire Ardèche