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Publié : 19 octobre 2014

INTERMITTENT DU SPECTACLE :NON PAS UN METIER MAIS UN STATUT

Ce statut concerne des métiers très variés : comédien (dénomination qui recouvre d’ailleurs des réalités bien différentes) mais aussi costumières ou techniciens de toute sortes ; un grand nombre des métiers du spectacle vivant et de l’audiovisuel. Ce statut était encadré jusqu’à présent par les annexes 8 et 10 de la convention UNEDIC qui fixe les règles d’indemnisation du chômage, renégociées tous les trois ans. Organisation dite paritaire, le conseil d’administration de l’UNEDIC est composé de représentants syndicaux : CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT,FO, et de représentants du patronat : MEDEF, CGPME, UPA.

Depuis le début de leur lutte le mot d’ordre des intermittents du spectacle n’as pas changé : « ce que nous défendons nous le défendons pour tous »

L’accord UNEDIC du 22 mars 2014 remet une fois de plus gravement en cause le statut de l’intermittence qui permettait de reconnaître la nature même des métiers qu’il concerne ceux de l’audiovisuel mais pas seulement... Les intermittents du spectacle, à travers toutes leurs actions au cours de l’année et dans les différents festivals cet été, se battent aussi pour les travailleurs intérimaires, les travailleurs précaires, tous ceux qui sont touchés par les dispositifs mis en place par les accords du 22 mars : baisse significative de l’allocation mensuelle, différé d’indemnisation et augmentation des cotisations sociales entre autres. Sont mis en place également des dispositifs qui concernent directement les vacataires du tourisme (notamment les intermittents de la restauration) ou ceux de l’éducation nationale qui, n’étant pas salariés d’une agence d’intérim, ne seront plus considérés comme « intérimaires », et seront donc basculés dans le régime général de l’assurance chômage où ils seront encore plus mal rémunérés puisque leur journée de travail ne comptera plus pour 10h mais pour 5h seulement.(leurs allocations sont calculées sur la base d’un nombres d’heures travaillées converties en nombre de jours).

Le principe du droit rechargeable quant à lui, préfigure une sorte de « course à l’échalote » : pour bénéficier des droits rechargeables il faudra travailler 30 jours/150h. En 10 ans l’utilisation de CDD de moins d’un mois a plus que doublé…Or les droits ouverts une première fois déterminent le taux d’indemnisation quel(s) que soi(en)t le ou les contrats ultérieurs .

Le MEDEF et le gouvernement veulent stigmatiser le secteur du spectacle vivant et de l’audiovisuel en pointant les « abus » et en faisant passer l’assurance chômage pour une forme de soutien à la culture... 1 intermittent du spectacle sur 2 n’est pas indemnisé. Rappelons qu’aujourd’hui sur presque 6 millions de chômeurs 6 sur 10 ne sont pas indemnisés. Et on veut faire croire qu’il y a des chômeurs normaux et des chômeurs privilégiés...Les droits sociaux sont une aide indispensable à tous les secteurs : 86% des embauches se font en CDD. Ce sont ces derniers qui sont visés. « Les discours et les accords aboutissent non pas à des mesures contre la précarité mais contre les précaires ». Rappelons aussi que « les entreprises culturelles emploient en France plus de 67 000 personnes et contribuent à hauteur de 57,8 milliard d’euros au PIB. Autant de personnes qui contribuent comme les autres salariés à la solidarité nationale »

2 % d’augmentation des cotisations sociales cela met en péril nombre de petites et moyennes compagnies qui contribuent pourtant au développement de nos territoires en participant notamment à de nombreux projets d’éducation populaire. Pour exemple, sur le bassin d’Annonay plusieurs intermittents du spectacle sont impliqués dans des projets pédagogiques en milieu scolaire. La culture est un service public.

Depuis 2003 les intermittents du spectacle ont structuré leur lutte. Les organisations professionnelles ont fait des propositions basées sur la solidarité interprofessionnelle et la mutualisation. De nombreuses actions ont été entreprises : manifestations et occupations des locaux des DRAC(Direction Régionale des Affaires Culturelles) et des antennes de Pôle Emploi mais aussi auditions devant les missions d’information parlementaire de l’Assemblée Nationale et du Sénat, plusieurs vidéo d’explications, participation à de nombreux débats, lectures de textes et informations du public avant et après les spectacles et bien d’autres démarches encore. Ils n’ont pas été entendus mais leur lutte, celle des travailleurs précaires, doit continuer.

F. Monod

Sources : collectifs et coordinations en lutte partout en France.

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