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Publié : 21 juin 2015

MEDITERRANEE CIMETIERE DE LA HONTE 

Quelques semaines après les drames qui se sont déroulés en Méditerranéenne et les chiffres macabres du nombre de noyés que nous ont livrés les médias : 30 000 en quelques mois, les migrants ont disparu de l’actualité... Pourtant, ce qui se déroule aujourd’hui sous nos yeux n’atteint-il pas le fond même de notre humanité et des riches civilisations qui se sont développées autour de la Méditerrannée ? Jamais probablement depuis le début de l’humanité, la mer Méditerrannée n’a été un cimetière comme elle est en train de le devenir aujourd’hui.

Or face à ce phénomène, quelle est la réponse de la vieille Europe ? Quand 3,5 millions de Syriens fuient la guerre, la Turquie, pays limitrophe, en accueille 1,5 millions, le Liban le tiers de sa population totale, et l’Europe… 800 000. La France 4 000… et les français seraient tentés de se tourner vers un parti qui fait de l’étranger un ennemi, même s’il est en train de se noyer dans ses eaux ?

Cette situation n’est pas acceptable. En dehors même du droit maritime le plus élémentaire qui impose de porter secours à toute personne en perdition en mer, l’Europe doit prendre la mesure de sa propre responsabilité dans le déclenchement du cataclysme humanitaire qui se déroule à ses portes. Elle doit cesser de refuser d’appliquer le droit d’asile inscrit dans la convention sur les réfugiés de 1952 que les 28 pays membres ont signée. Ce droit est universel. Pourtant, à travers l’organisation Frontex, elle s’érige en forteresse et assume une politique qui viole de manière flagrante le droit international et la convention sur les réfugiés. Au lieu d’organiser l’accueil et la sécurité des persécutés, Frontex met en œuvre un appareil de contraintes qui les empêche d’atteindre la forteresse et donc d’y déposer une demande d’asile – qui, légitimement pourra être acceptée ou refusée - mais il est inadmissible d’empêcher les réfugiés d’atteindre le pays d’accueil, donc de faire valoir ce droit d’asile.

Les passeurs criminels doivent être pourchassés mais ils ne sont que le dernier maillon d’une longue chaîne de responsabilités. Il faut bien voir que la quasi-totalité des migrants venant d’Afrique n’aurait pas pris le risque de partir si les politiques économiques mises en œuvre en organisant le pillage des richesses de leur pays, ne les précipitaient pas dans la misère. Les règles de l’OMC, qui permettent aux transnationales d’aller s’installer là où elles ne paieront pas de taxe et pourront polluer en toute tranquillité, sont hautement destructrices, socialement, économiquement, écologiquement.

Les migrants du monde entier sont et seront tous oubliés si des politiques économiques inégalitaires et assassines continuent à secréter le chômage et la pauvreté de masse, les conflits armés et le réchauffement climatique.

Le sort de l’Europe - particulièrement de la France - par son histoire géopolitique, est intimement lié à celui de l’Afrique. Elle ne peut prendre le risque de laisser cette dernière se vider de sa substance sans s’auto-détruire elle-même.

G. Largillier

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