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Publié : 14 novembre 2015

OUI, L’HORREUR

Jean Ortiz Samedi, 14 Novembre, 2015 - 16:12

OUI, L’HORREUR

Des fascistes ont frappé en plein cœur de Paris des dizaines d’innocents et notre République. A Paris, le Paris des Lumières, de la Révolution française et de sa devise, si belle. Des fous, des criminels, des monstres, ont semé la mort, l’inexcusable, la bestialité, la tragédie absolue.

Au nom de Qui ? Au nom de Quoi ? Aucune « cause » ne saurait justifier ce déchaînement aveugle de haine de l’autre, de brutalité inouïe. Ce vendredi 13 novembre restera marqué dans l’histoire par ce que l’on peut qualifier de crimes contre l’humanité.

On a assisté à la négation des principes élémentaires de la vie, de la vie en commun. Des corps sans vie, des blessés, des scènes insoutenables, qui imprègneront à jamais la mémoire de notre peuple. Ces fascistes servent la pire des causes : la dépréciation de la vie.

La stratégie de ces tueurs vise à horrifier, tétaniser, les peuples afin qu’ils acceptent l’inacceptable. Le traumatisme créé aura des conséquences politiques et sociales lourdes et durables. Il attise l’intolérance, la haine, la xénophobie, le fanatisme. Il recherche la limitation des libertés, l’étouffement de la raison, l’impossibilité de l’esprit critique.

Nombreux sont ceux qui disent : « Ça devait arriver ! » En effet, la politique interventionniste de la France, en Syrie, en Irak, en Libye, etc. ses liens avec des pays, des pétromonarchies qui financent le terrorisme, cette politique ne peut que renforcer « la haine de l’occident ». La France, chacun le sait, a des amitiés douteuses avec l’Arabie Saoudite, le Qatar ; elle a financé, armé des djihadistes... Cela ne justifie en rien les actes barbares, mais permet d’en situer le ferment et la genèse.

Les problèmes essentiels de la vie quotidienne risquent désormais d’être relégués derrière une psychose sécuritaire, un climat compréhensible de peur. Et que dire de l’intervention du président Obama, avant même celle de François Hollande, se posant en chef de coalition, en patron de l’OTAN et du « monde libre ». A l’horreur s’ajoutait l’abaissement national. Oui, la compassion, la douleur, le recueillement, sont de mise. Ils ne sauraient cependant empêcher la nécessaire réflexion politique sur la diplomatie de la France et ses conséquences.

L’appel à « l’union sacrée », comme en 1914-18, est le piège que nous tendent tous ceux qui veulent enterrer l’humain, la question sociale, et la solution politique des conflits dans le respect de la souveraineté des peuples. La limitation des libertés, une politique sécuritaire à outrance, la militarisation, l’état d’urgence, ne peuvent être les seules réponses ; ils ne peuvent constituer que des instruments transitoires, à double tranchant. Pour l’heure, nous pleurons avec les familles des victimes, nous avons tous mal à la France, pas forcément pour les mêmes raisons. Oui, très mal. Et il faudra pourtant s’en relever rapidement.

Jean Ortiz